l'Eglise Nossa Senhora dos Alagados au coeur de la favela

distribution de la soupe les mercredis soirs

saison des pluies, quand tu nous tiens...!

nous faisons la plus grande partie de nos visites dans "l'invasion".

anniversaire de la filleule de Béa (ci-dessus: ses soeurs, et ci-dessous: Maria-Antonia, 1 an déjà!)

notre "colloc"

la Padroeira, ou fête de notre paroisse: Nossa Senhora dos Alagados (Notre Dame des Marécages)

avec une brillante participation de Loïc à la chorale!

à Sonho de Mãe, première bénédiction des bébés à naître!                   

et enfin, on profite aussi des rayons de soleil brésiliens à la plage avant de retrouver ceux de la Bretagne!

Voilà la fin de notre aventure aux Alagados qui approche... Dans 3 semaines, nous allons devoir nous séparer de toute cette petite vie qui nous plaît tant! L'heure n'est pas encore au bilan, nous profitons des derniers instants avec nos amis, nos enfants du soutien scolaire, nos jeunes mamans du Rêve de Maman, et notre communauté paroissiale!

Malgré cet arrachement qui ne va pas être des plus faciles, nous avons une grande hâte au coeur: tous vous retrouver, amis et famille!!!

Alors à très bientôt, recevez pleins de beijos de Loïc, Béa, Raphaël et Abacaxi!

C'est vrai, mea culpa... cela fait bien longtemps qu'on ne vous a pas donné de signe de vie... désolés, mais rassurez-vous, cela n'est pas mauvais signe, au contraire. Notre quotidien est de plus en plus chargé, à notre grande joie, car nos boulots se passent bien, et la mission en général nous apporte toujours plus de belles choses!

Mais, en plus concret, en voici davantage sur ce qui a rythmé ces derniers mois. (pour info, nous venons aussi de terminer notre dernier rapport de mission que vous devriez recevoir d'un jour à l'autre)

Afin de ne pas vous assommer de longs récits, voici en quelques photos les dernières "news"!

Pour commencer, au mois de mai, le jour de la fête des mères a été l'occasion d'une grande fête à Rêve de Maman, chacune a apporté ce qu'elle aime cuisiner, nous avons partagé ainsi un grand goûter, puis participé à un jeu sur le rôle de la mère, prié pour chacune d'entre elles, et enfin reçu des cadeaux (donations de couches, habits et matériel de puériculture que Béa avait reçus récemment). Ces moments de fête font beaucoup de bien à chacune, et permettent pour beaucoup de ces jeunes femmes de sortir du difficile quotidien.

Ci-dessous, Quelson n'est pas peu fier de porter le casque d'un des pompiers qui ont gentiment accepté d'accueillir nos enfants du soutien scolaire pour une petite sortie. Au programme: tour en voiture avec sirène à tue-tête, visite des camions de pompiers, photos, essayage de la tenue, et j'en passe! De nombreuses vocations de pompier sont nées ce jour-là! 

La photo qui suit n'est autre que notre "petit" Raphaël, parti à la recherche de bateaux (sa grande passion!) sur une plage de Salvador, lors du week-end de volontaires. Nous y avons emmené tous les volontaires du soutien scolaire afin de les remercier de leur aide quotidienne auprès des enfants. Grand jeu, plage, veillée et détente ont comblé ce moment amical!

La dernière semaine avant les vacances de la St Jean, nous avons organisé pour les enfants toutes sortes d'activités festives. Ci-dessous, la journée cuisine, avec la recette du gâteau à l'ananas!

Les cuisinières du soutien scolaire, fidèles au rendez-vous chaque jour pour nourrir nos chérubins:

Pour clôre le 1 er semestre, les enfants du soutien scolaire ont préparé une "quadrilha", à l'occasion de la kermesse paroissiale. C'est la danse typique de la fête de la St Jean, qui a eu lieu le 23 juin. Cela a demandé beaucoup de temps, de répétitions, et de patience de la part de Loïc, mais le résultat en valait la peine!

 Une petite série de photos spécial Raphaël, avec sa copine Bianca, et sans oublier Sixtine, nouvelle petite coopérante, arrivée avec ses parents il y a un mois! Depuis, impossible de passer une journée sans "brincar com Sixtina" (jouer avec Sixtine)!

Messe d'au revoir de Christian, coopérant Fidesco présent aux Alagados depuis plus de deux ans. Raphaël voit partir son "Tio" préféré, et nous un ami très cher... Ciao Christian, bon vent et à bientôt on espère!

Enfin, la fête la plus récente fut celle de l'anniversaire de Raphaël, qui a soufflé ses 2 bougies entouré de 60 amis du quartier, venus gâter notre fiston bahianais! Il s'était échauffé toute la journée à chanter son "Parabens" (joyeux anniversaire), et n'a pas failli à son rôle de star de la soirée! Il est grand temps que le petit frère ou la petite soeur vienne partager la vedette...;-)

 et en vrac:

Voilà un ptit tour global des évènements lors desquels des photos ont été prises! Nous sommes toujours très heureux dans notre mission au Brésil, et vivons au quotidien des rencontres bouleversantes avec la misère, la mort, la fête permanente, la Confiance, l'Espérance d'un lendemain meilleur... Bref, des leçons de vie permanentes...

Avec tout le travail que nous demandent la gestion du soutien scolaire et de Rêve de Maman, sans parler de notre vie familiale et paroissiale bien actives, nous ne voyons pas le temps passer! Nous avons pourtant entendu dire que notre mission ici s'achevait en septembre prochain... :-) nous avons du mal à croire qu'un jour nous allons quitter les Alagados et laisser la place aux suivants, vos prières ne seront pas de trop pour nous y aider!

Un grand merci pour votre amitié, des beijos dos Alagados!!!

Loic et Bea just for you

Dans la même lignée, petit compte-rendu de visite des parents de Loic aux Alagados:

"Nous voilà revenus de notre voyage à Salvador au cœur de la Bahia . Nous allons essayer de vous faire partager notre ressenti sur notre séjour.

Tout d’abord un grand merci à Béatrice et Loïc pour nous avoir permis de découvrir d’autres horizons et pas des moindres.

Merci aussi, à la Paroisse et aux paroissiens pour leur chaleureux accueil malgré la barrière de la langue nous nous sommes sentis comme faisant partis de la famille.

En arrivant nous avions une petite idée de ce que nous allions découvrir mais rien de comparable à ce que nous avons trouvé.

Le quartier où réside Loïc et Béatrice est plus que dépaysant. Les rues sont animées et pas très propres. Les maisons sont faites en dur et tous les espaces sont exploités. On n’en finit pas de découvrir des coins et des recoins, des alcôves… les moindres surfaces sont habitées. Les gens semblent toujours attendre quelque chose.

Note première sortie était plus qu’une découverte nous sommes restés sans voix…notament au coeur de "l’invasion" où,pour ma part j’ai été choquée par tant de misère et désolation. Tout est insalubre. Les habitations sont de bric et de broc et des familles nombreuses y habitent à même le sol avec une tôle comme toit, je n’ose imaginer par temps de pluie…

Un sentiment de révolte vous gagne…Il y a encore quelques maisons sur pilotis inconcevable à notre époque et les enfants se baignent dans l'eau de la baie poluée.

Rayon de lumière au cours de ces visites, les enfants qui accourent vers Loïc s’inquiètant de la reprise du soutien scolaire. On lit la joie sur leur visage et un sentiment de sécurité. Loïc fait un travail de fourmi, il avance de deux pas et il recule d’un mais rien n’est perdu il y met tout son cœur. Tout se dit par les « Abraços », accolades bien brésiliennnes. Je crois que dans cet univers c’est un bol d’air frais.

J’ai pu effectuer quelques visites avec Béatrice qui est d’une disponibilité totale envers les jeunes filles qui l’attendent avec impatience. Le soulagement quand elle vient, chaque fille est unique. Elle les écoute, les rassure, elle sait entendre, je crois qu’elle a un « cœur avec des oreilles ». Son travail est fatiguant car elle parcourt la favela en long en large et tout cela avec le sourire.

Parlons un peu de Raphaël, un ambassadeur formidable, qui distribue des « ola et tchao » à tous les vents avec un sourire ravageur. Je pense qu’il a un don, il sait gagner les cœur et tout en lui reflète le bonheur. En toute objectivité il est adorable….

L’endroit que nous avons préféré c’est le parvis de l’Eglise on domine le tout. Il y a un peu de vent et malgré tout c’est joli une favela vue d’en haut…

Pour conclure notre « immersion » nous a fait découvrir un autre monde révélateur. On voudrait que cela change, avance… Comment faire pour que ça bouge ??? Comment faire prendre conscience aux Brésiliens qu’ils doivent être les instigateurs de ce changement ??? Toutes les bonnes volontés ne suffiront pas si eux ne s’investissent pas. JE VEUX Y CROIRE

Tous les coopérants se donnent à fond, sans compter. Et si le départ de Loïc et Béatrice nous avait un peu interpellé aujourd’hui nous sommes certains qu’ils ont répondu à un Appel et qu’ils accomplissent leur travail du mieux qu’ils peuvent.

Nous leur souhaitons une bonne fin de mission et qu’ils puissent réaliser leur projet.

Que Dieu les garde tous les trois.

Merci à eux pour le temps qu’ils accordent aux plus démunis et une petite pensés personnelle : Qu’ils rentrent vite…"

Petite interview de Béa au micro de RCF au sujet du projet " Sonho de mãe" ( rêve de maman)

C´est LA ( à la 11ème min et 30s de l´émission)

On vous espère en forme!!

Bonjour à tous !

Comme le dit ce titre, il est grand temps d’une petite remise à jour sur ce blog !

Les jours passent, passent, passent et tant de choses ont changé, qui aurait pu s’imaginer…. On a tant de choses à vous raconter !

Je crois que nos dernières news sont apparus peu de temps avant que l’on fête nos « 1 an » de présence ici, aux Alagados.

Ce fameux anniversaire de « mi-mission » a été ponctué de péripéties éprouvantes, mais notre joie d’être ici en est venue à bout de ces tentatives de découragement du destin ! 

 EAU « COURANTE »

En effet, après 2 mois de coupure d’eau dans notre maison, qui nous ont paru très très longs, sont apparus de grosses pluies sur Salvador. L’eau courante est revenue, et une semaine après, avec elle, sont arrivées des inondations dans le quartier. Les rues sont devenues rivières, et les habitants de notre quartier regrettèrent de ne pouvoir troquer leurs bicyclettes contre des barques. De notre côté, notre maison fut inondée sur tout le rez-de-chaussée, sur environ 15 cm de hauteur ! et ceci, 2 fois par jour, avec les marées hautes, pendant 1 semaine. Le quartier étant construit sur la mer (autrefois, c’était des maisons sur pilotis, cf article plus haut), avec les fortes pluies, le niveau de la mer montait, et à chaque marée haute, les égouts débordaient et remontaient par le trou de notre douche et de notre évacuation. Réveil à 3h du mat’ pour évacuer, écopage pendant des heures et des heures, rien n’y faisait, la maison se remplissait et se vidait au bon gré des marées !

Toute la rue était au courant de nos déboires (le bouche à oreille bahianais est le moyen de communication le plus rapide au monde), et passait régulièrement sur le pas de notre porte, pour découvrir la « nouvelle piscine du quartier », comme ils l’appelaient… C’était vraiment touchant de voir certains voisins des plus pauvres venir nous plaindre, tandis qu’eux-mêmes vivent avec leurs 5-6 enfants entre 2 planches de bois sous un bout de tolle percée… Nous avons beaucoup de chance d’habiter au cœur de la favela, car il est très facile de relativiser nos petits malheurs, à côté de la grande pauvreté que nous côtoyons tous les jours.

Agua nos Ala

Nous avons fini par se réfugier quelques jours à la paroisse où nous avons été fort bien accueillis. Une fois le déluge passé, nous nous sommes réinstallés à la maison et avons frotté les murs et le sol tout moisis !

L’été est désormais arrivé, et son soleil avec !

Bon je vous épargne les épisodes vol de téléphone portable, panne d’internet et d’ordi,… car tout cela n’a, au bout du compte, fait qu’accroître notre résistance à l’hostilité bahianaise pour n’en voir que sa magie, sa fête, sa samba, sa joie quotidiennes !

MISSION

Sans transition, des ptites nouvelles rapides de nos projets (vous trouverez plus de détails dans nos rapports de mission) :

- Sonho de Mãe, ou Rêve de Maman, accueille toujours autant de futures mamans, et a vu naître beaucoup de bébés ces derniers temps. Je (Béatrice) continue les visites quotidiennement au domicile des femmes enceintes ou qui ont accouché, ce sont des rencontres, des échanges de culture, d’amitié très riches ! Erika a été accompagnée pour accueillir son 8 ème enfant (mais seulement 4 vivent avec elle). Un contexte familial difficile, des conditions de vie indescriptibles, et pourtant une telle espérance ! Nous nous sommes rapidement liées d’amitié, et j’ai eu la joie d’être demandée comme marraine pour le baptême de la petite Maria-Antonia, née le 6 juin dernier.

Ma petite filleule a des problèmes de santé, et sa maman, Erika, fête chaque anniversaire de ses mois avec un gâteau, pour remercier au Seigneur de ce mois de vie de plus !

Nous avons clos l’année par une belle fête de Noël :

            - Le soutien scolaire a eu une fin d’année pleine d’activités : en plus des cours, les dernières semaines ont été ponctuées de fêtes, atelier cuisine (gâteau au yaourt), sortie au zoo,course au trésor, messe de l’Avent, et finalement spectacle des volontaires, repas de Noël et distribution des cadeaux ! Loïc a terminé l’année sur les rotules, il a énormément travaillé, et les sourires des enfants le lui ont bien rendu ! :-)

On a eu la joie de recevoir la visite d’amis très chers, qui étaient en voyage de noces, cela a été une véritable joie de partager notre quotidien avec eux, et de les voir tout jeunes mariés !Vive Oliv´ et Math´

Une volontaire du Brésil est venue nous aider pendant 2 semaines, ainsi qu’une famille française avec 5 enfants, avec qui nous avons eu la joie de fêter Noël !

NOËL

Cela me permet de poursuivre sur cette grande fête que nous venir de vivre en paroisse : une messe de Noël une fois de plus incroyable, avec pièce de théâtre que Loïc a organisé avec les jeunes de la paroisse, crèche vivante, chorale et ambiance très fraternelle ! Réveillon du soir avec un couple de copains brésiliens, caïpi et dinde au menu, puis le 25 déjeuner avec les prêtres, coopérants, une famille française en visite ici, des amis brésiliens, on s’est régalés et avons partagé un moment très simple, familial, et sympathique !

EN VRAC

Quelques bonnes nouvelles en vrac : notre ami Arnaldo, qui avait été victime d’une balle perdue il y a quelques mois, va beaucoup mieux et marche de nouveau ! Nous avons accueilli notre nouveau curé, Père Etienne, avec une grande joie en septembre, et vient d’arriver son vicaire, Père Xavier. La paroisse est heureuse d’être si gâtée !

RIO

J’allais oublier notre voyage à Rio de Janeiro ! La semaine avant Noël, nous nous sommes envolés vers la « cidade maravilhosa » cité merveilleuse, où nous avons été accueillis comme des rois par un ami. La visite de cette ville, implantée au cœur d’un site naturel extraordinaire ne nous a pas laissés indifférents ! A flanc de montagne, elle longe la baie, qui elle-même est ponctuée de petits îlots. Jardin botanique, Pain de Sucre, Christ Rédempteur…

Puis 3 jours dans une petite ville nommée Paraty, où le cadre n’était pas moins magique !

            Je ne sais pas si vous aurez tous réussis à aller jusqu’au bout de ce trop long article, mais sachez que ce fut une joie de vous l’écrire ! Merci à tous pour votre soutien sans faille ! On vous souhaite à tous un joyeux Noël et une bonne année !!!

en bonus:

Petits témoignages demandés à nos amis de passage sur leurs impressions relatives à notre cher quartier!!!

Merci à Eugé et Christophe pour leur venue! Voltem sempre!!

PAR EUGÉ

J’etais partie au Bresil dans un but imprecis. Suivant des potes, je decouvrais le Bresil pour me changer les idees et surtout deconnecter par rapport au quotidien.

En regardant la carte et le sejour organisé par mes amis, j’ai alors remarqué que mes pas me menaient tout droit chez Loic & Bea. Il aurait été dommage de ne pas les contacter.

Apres 2 semaines de fiestas a Rio, de caipirinhas à Morro, de road-trips dans la region de Bahia, j’ai donc dit adieu a mes potes et ai posé mes bagages chez Loic & Bea pour quelques jours.

La decouverte des favellas a été une experience magique. Avoir Loic & Bea pour me faire connaitre les rues de favellas, les familles qui occupent les maisons insalubres, m’expliquer les histoires des batiments, des places, des lieux publics, la connaissance de leurs métiers ainsi que la connaissance des gens qui les entourent ont été pour moi une vraie chance. Une chance de pouvoir decouvrir le deuxieme Bresil. Loin des paillettes, des strings et du body buildings, les gamins perchés au crack a 8 ans, les travestis defilant dans les favellas, les couvre-feu et autres m’ont permis d’ouvrir les yeux sur une réalité non negligeable et un aspect fort de ce pays vraiment enrichissant.
Ces quelques jours passes dans leur quartier ont vraiment été un moment fort de mon voyage et un des souvenirs que je garderai en memoire.

PAR CHRISTOPHE

 Tout au bout du fond de l'invasion des marécages il y a une étendue de matière qu'on ne connaît pas...

Loïc et Béa m'ont demandé d'écrire en quelques mots ce que je pensais de leur quartier, après y avoir passé quelques jours.... C 'est un bel exercice! 

J'ai une vision sans doute bien idéalisée et tronquée, qui vient déjà du fait de n'y avoir passé que trois jours tout au plus et de n'avoir pas du coup eu le temps d'approfondir et de creuser un peu cette réalité... le fait de n'avoir quasiment croisé que des enfants et puis le fait encore que les rares adultes que j'ai croisé je les ai croisé en compagnie de Loïc, et peut-être là bas les gens sont plus souriants et ont l'air plus heureux quand ils parlent avec Loïc que le reste du temps, je n'en serais pas étonné... 

Bon alors... Il y a une misère qui est profonde est claire, et toutes les tentatives de mesure, tous les indicateurs, montrent bien que de toute façon on est bien au cœur de tout ce qui peut se poser comme problèmes de développement sur cette planète. La toponymie suffit à s'en convaincre : nous sommes dans le secteur de l'invasion, au fond du quartier des marécages... 

Il y a deux aspects en particulier : la pauvreté, le manque de moyens, les logements.... c'est un quartier construit à la hâte, souvent des baraques de pilotis donc de planches récupérées, dans un recoin de la baie de Salvador, au débouché de ce que Loïc appelait une rivière urbaine. Le quartier a été remblayé apparemment au bout d'un moment en utilisant les détritus de la ville et il s'est stabilisé comme ça. Aujourd'hui la plupart des maisons sont en briques. Il y a des maisons qui se tiennent, à deux ou trois étages, en dur et au mur blanchis, Loïc m'a fait entrer dans une cabane de bois ou une mère vivait avec ses six enfants dans une pièce de 20 m2... et il y a tous les intermédiaires... Je sais pas... J'ai tendance à me dire que de toute manière où qu'on aille on ne verra pas pire situation que celle de l'homme en haillons et puant, seul dans nos villes avec ses 10 euros en main et ses bouts de cartons, duquel on s'écarte instinctivement.

Le second aspect c'est la violence : on se sent pas concernés, quand on voit le quartier vivre on est loin d'imaginer... et puis boom! Le jour où je suis arrivé Loïc a assisté à un drame. Deux jours après j'ai assisté à l'arrivée de la police sur les lieux d'un drame. Encore deux jours après quand je suis reparti Loïc m'a parlé d'un autre drame encore à 50 mètres de chez eux....

Voilà donc il y a tout ça, tout ce qu'on veut en matière de manque d'hygiène, d'entassement, de violence, d'absence de services de publics... au bout d'un moment quand on pose des questions sur ce quartier en fait on connaît déjà les réponses à l'avance... 

Et puis il y a une espèce d'alchimie ou de chose étonnante qui émerge, et là c'est difficile à décrire. Il faudrait peut-être relire Dominique Lapierre pour voir comment il décrivait ça à Calcutta dans la Cité de la joie, c'est à ça en tout cas que ça m'a fait penser. 

On peut se reconstruire ce quartier dans la tête en poussant à la caricature tous nos motifs de plainte habituel ou tout ce qui est pour nous sujet d'inquiétude, et puis en les balançant tous ensemble donc dans un espace de quelques hectares. Quand on mesure tout ça de chez nous on s'attend à ce que la population qui en résulte soit, selon une loi proportionnelle, l'image caricaturée de tout ce qu'on peut imaginer de malheureux et désespéré... Et puis non alors ça n'est pas du tout ça! Voilà, c'est sans doute ça la fameuse claque à recevoir et à laquelle s'abreuver. Je pourrais essayer de la décrire mais je sais pas faire et ça a déjà été fait des millions de fois,la recevoir c'est irréductiblement différent de toutes manières.

Un foisonnement, un jaillissement, une authenticité, une spontanéité... quelque chose qu'on ne connaît pas en France et sans doute très peu en Europe, dans ses marges. Et parce qu'on ne le trouve pas ou plus chez nous et sans doute seulement pour ça je n'ose pas appeler ça vital : un souffle de vie, un élan de vie!

Il y a un son déjà qui est extraordinaire, un bruit particulier, complètement cacophone mais en même temps qui se reconnaît, dans une harmonie qui lui est propre, comme le bruit de la favela. Il faut se mettre sur le parvis de l'église, qui est construite sur une petite colline et domine tout le quartier, pour en profiter le mieux: un melting-pot improbable d'aboiements de chiens, de cris d'enfants, de sons des téléviseurs, d'annonceurs publics et puis des enceintes en tous genre dans les maisons, dans les transistors dans la rue, dans les voitures... des pétards aussi par ci par là, détonations plus ou moins louches et qu'il ne faut pas chercher à identifier... Ce quartier est d'une densité de population complètement improbable, sans doute autour de 40 000 h/km2... et on a l'impression d'entendre y vivre ou de pouvoir entendre y vivre chacune de ces 40 000 personnes par km2 depuis ce poste d'écoute sur le parvis de l'église.

Il y a ça et puis une espèce de joie au moins apparente (mais quel intérêt pour ces gens-là à la simuler?) qui se reflète au moins sur le visage des enfants et leur engagement et leur présence dans ce qu'ils font.... et puis la convivialité des adultes aussi qu'on voit bien, des gens entre eux quand on se promène dans la rue, et puis comme j'ai mis plus haut quand on les rencontre avec Loïc. On connait un peu ça peut-être dans les pays méditerranéens ou les quartiers très populaires de nos pays, mais en moins intense...

Je pense les images rapportées par Loïc et Béa en disent quelque chose. Ensuite ça vaut le coup d'aller voir tout simplement et de sentir cette manière de vivre dans ce dénument et cette pauvreté subis, peut-être acceptés même, avec toutes les ambiguïtés que ça implique. Si ça n'est pas la vie au moins ça en fait partie et ça nous concerne donc pour ça!

Voilà, tout au bout du fond de l'invasion des marécages il y a une étendue de matière qu'on ne connaît pas (j'ai envoyé un caillou dedans pour en éprouver la consistance, la matière inconnue a absorbé le caillou – c'est dans Tolkien pour le coup peut-être qu'on trouverait des descriptions de cette matière inconnue, elle apparaît aussi dans un épisode de StarWars je ne sais plus lequel... bref!). Et puis au-delà de la matière inconnue il y a ce recoin de la baie et donc le regard s'ouvre et la favela sort des ruelles minuscules et s'étale pour devenir paysage : elle recouvre tout, descend des collines et les gravit, s'étend au loin par plans successifs avec sa rougeoyance jusqu'à l'horizon. On entend toujours le bruit de favela, erratique, tout en relief, on est plongé dedans. De l'invasion juste derrière nous et puis quand le son de l'invasion laisse des percées aléatoires on l'entend qui s'étend à perte de vue, toujours le même bruit, renvoyé par chacun des morros, remplissant tout l'espace. On entend vivre alors des centaines de milliers de personnes à la fois!

Ce paysage à cet endroit je me suis surpris à le contempler, je me suis fait le reproche de l'admirer, de le trouver beau tout simplement, d'oublier par un regard trop spontané que j'étais à ce moment au cœur du problème du monde,  tout au bout du fond de l'invasion des marécages, que la digue juste devant moi était molle et instable et qu'elle avait la couleur bleue des sacs poubelles, que jamais la matière inconnue n'aurait dû sortir de la littérature de science fiction, que la rivière urbaine était une arrivée d'égouts puante. Je me suis fait violence pour regarder ce paysage comme quelque chose qui ne devrait pas être, qui devait disparaître de l'humanité!

Voilà, un regard complètement partiel et idéalisé et naïf, pas du tout fouillé et éprouvé je le sais bien... Mais bon, c'est le regard que j'ai eu sur le coup et j'ai préféré ici tenter de le livrer qu'essayer de le reconstruire plus conforme à notre logique ou à ce que j'aurais dû voir.

Je conseille sans retenue en tout cas d'aller faire un tour par là-bas et d'y profiter de la présence de Loïc et de Béa, mais aussi de Rafa qui développe un sens de l'hospitalité hautement efficace!

Déjà un an que nous sommes en terre bahianaise!!

A cette occasion un ami a orgnaisé un petit spectacle dans les rues du pelourinho (centre historique de Salvador)... Cette vidéo illustre bien notre quotidien: les favelas et Salvador!!

Tout comme la pensée des habitants de la favela: "they dont care about us!" ( eles não ligam para gente!)

Michael Jackson> They dont care about us

Beijos!